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 La vigueur de la conscience amérindienne(1)

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Sioux
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Sioux


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MessageSujet: La vigueur de la conscience amérindienne(1)   La vigueur de la conscience amérindienne(1) Icon_minitimeLun 23 Avr - 21:46

Plusieurs traits psychologiques fondamentaux de l'Amérindien ont été forcément supprimés de son comportement ordinaire. Cependant, ces traits demeurent sous-jacents dans sa mentalité et conditionnent de façon prédominante l'expression de son caractère, de même qu'ils en déterminent la nature. Cela est dû à deux facteurs. Le premier est l'attachement, simple et normal, aux valeurs ancestrales. Le second, plus déterminant, est la conscience évidente et propre à l'Amérindien que les habitudes culturelles rattachées à ces valeurs ont été supprimées d'une façon dénuée de toute forme de logique ou de justice. Cela, selon nous, explique également la conscience singulière de l'Amérindien du devoir de demeurer essentiellement lui-même, en même temps que la persistance d'un portrait idéologique particulier. Comme l'exprime le chef onondagué Oren Lyons, être Indien d'Amérique n'a, au fond, rien à voir avec les supposées caractéristiques matérielles ou physiques des antiques Indiens:

Nous avons perdu nos vieilles coutumes, mais les principes qui nous guident ne sont pas vieux: la paix n'a rien de vieux, la justice n'est pas vieille, l'équité n'est pas vieille, c'est ce à quoi tout le monde aspire [...]Ces choses sont à nous [...] La vieillesse est dans l'esprit d'une personne, dans l'éducation qu'elle a reçue. Nous sommes des gens de notre époque. Je n'ai pas à m'excuser de porter ces vêtements aujourd'hui, parce que c'est ce que je porte. C'est la Hodenosaunee ici même et maintenant. Personne ne s'attend à voir le président des Etats-Unis avec une perruque blanche.

John Mohawk, professeur d'histoire à l'Université de Buffalo, parle lui aussi de la perception cristallisée que les Blancs ont des Amérindiens: "[Les plus grands spécialistes de notre histoire] ont dit que nous sommes les descendants des Iroquois [...], que nous avons cessé d'exister théoriquement en 1784 ou 1789 [...], que nous sommes maintenant inadéquats en quelque sorte [...], que la culture indienne existe maintenant dans un globe de verre.» Il ajoute: "Notre culture est brillante. Notre peuple peut communiquer beaucoup d'informations au monde et montrer comment un peuple peut se mouvoir avec succès."

Jean Raphaël, un sage montagnais, ancien chef de la nation de Mashteuiatsh au Lac Saint-Jean, commente en termes généraux l'attitude responsable des Amérindiens chasseurs du Nord, face à l'environnement et aux animaux: "Ils [les Amérindiens] avaient très soin de la nature [...] Nous n'avons jamais détruit comme ça se voit aujourd'hui par les non-Indiens [...] J'aimerais beaucoup enseigner à tous ces gens comment protéger, conserver la nature, cultiver les territoires de chasse." Puis, pour décrire le caractère profond de l'Amérindien, Raphaël nous fait un récit de certains épisodes de sa vie qui évoquent ce que dut être la fondation de ce qui devint le Canada. Au sujet des paroisses qu'il vit fonder et bâtir, ce sage dit que l'élan naturel des Amérindiens fut d'aller aider les "pauvres défricheurs". L'Indien à toujours été généreux", ajoute-t-il, révélant ainsi son sentiment personnel à propos de son peuple.

Quant à la persistance de la culture amérindienne, Raphaël affirme que "l'Indien continuera toujours de s'identifier comme Indien." Les langues amérindiennes reprennent de la vigueur. En un mot, tant que l'Indien sera en Canada, il restera Indien : ça ne chagera pas. [...] L'Indien est un fondateur du Canada [...] Le caractère de l'Indien est un peu rare : il est toujours prêt à donner. Il a toujours eu le coeur de rencontrer pour aider [l'autre, quel qu'il soit]."

En parlant de la vitalité de la société autochtone, lors d'une danse qui regroupait plusieurs villages de son île de Vancouver natale, l'écrivain, acteur et peintre George Clutesi dit:

En mon temps, nous sommes venus très près de disparaître de notre propre sol [...] Beaucoup d'entre nous [de nos village] sur toute la côte ouest de l'île de Vancouver sont devenus très faibles en mon temps, et ce fut en partie à cause du fait que nous avons oublié nos chants et nos danses durant très longtemps. Jusqu'en 1949, ces formes d'expression culturelle étaient illégales et nous sommes heureux que ces lois aient été révoquées [...] Nous commençons [maintenant] à nous connaître les uns les autres beaucoup mieux qu'en ce temps là.

Les nations de l'Est et du Nord expriment elles aussi aujourd'hui, dans leur musique, leur poésie et leurs arts en général, une conscience très vive de leur amérindianité. Le poète et penseur montagnais (innu) Armand Collard trouve les métaphores pour exprimer la pensée historique contemporaine du peuple amérindien:

Toi, vieux frère [Amérindien] et ta soeur la nature, vous vivez sur cette partie du continent que l'on appelle Amérique du Nord depuis des temps immémoriaux.

Te rappelles-tu un temps très lointain, à l'aube du monde: toi et ta soeur vous étiez libres de vivre une vie saine que tu appréciais beaucoup.

[...]

Mais un jour, quelque chose se produisit, d'autres personnes vinrent s'ajouter à cette famille très unie.

[...] Ils arrivent, s'approprient, détruisent. Tout cela se fait si vite que tu n'as pas le temps de réagir, alors tu subis.

Il est très facile de comprendre que, pour toi, cela puisse paraître inconcevable.

Aujourd'hui, ces étrangers veulent te faire croire que c'est toi l'étranger.

N'oublie jamais que cette terre que tu foules l'a été par tes pères.

[...]

Ils t'approchent pour te [faire] miroiter un avenir artificiel [compensations financières] qu'ils te proposent en échange de la mère la terre.

[...] marche la tête haute car tu es souverain, mon frère innu.

Le poète et chansonnier micmac Willie Lawrence Dunn a livré en 1967 sa version autochtone de l'hymne national canadien:

O Canada, notre terre et notre foyer

Pendant cent mille ans nous avons foulé tes sables;

Le coeur triste, nous t'avons vu volé et dépouillé

De tout ce qui faisait ta fierté.



Pendant qu'on coupait les arbres,

Nous avons été écartés et mis dans les prisons.

O Canada, jadis libre et glorieux,

O Canada, nous sympathisons avec toi

Ô Canada, nous demeurons debout pour te protéger.



Eléonore Sioui, une autre poétesse de la nation huronne-wendate, nous fait entendre bien clair le message planétaire de son peuple:

Les hurons sont riches

[Oukihouen Wendat]



En l'Amérindien

Sont contenus

Les larmes, les sourires et les cris

De l'âme de la terre-mère

Parce qu'enfanté par elle

Fécondée du soleil

Dans un bruissement de l'Esprit

Encerclant ses frères

Dans sa re-naissance.



Le phénomène de renaissance de la pensée autochtone américaine est présent sur tout le continent et encore plus peut-être en Amérique centrale et en Amérique du Sud, où plusieurs pays ont une population majoritairement autochtone. C'est un phénomène dont l'ampleur croît proportionnellement au développement de la conscience écologique à l'échelle planétaire.

Le groupe musical autochtone Taki Ongoy, en Argentine, reprend une théorie péruvienne des années 1560 qui prône la supériorité morale et annonce le réveil de la pensée autochtone traditionnelle, après une période de léthargie sous l'emprise de la religion espagnole. Dans leur chanson intitulée Taki Ongoy, le groupe réaffirme:

Ils nous ont déjà enlevé la terre et le soleil,

Notre richesse et notre identité,

Il ne leur manque plus que de prohiber nos larmes

Pour nous arracher même le coeur.



Crie avec moi, crie Taki Ongoy,

Que notre race revive par ta voix,

Crie avec moi, Taki Ongoy,

Parce que notre Amérique est indienne et qu'elle est du soleil.



Le Conseil mondial des peuples indigènes (CMPI), dans un article récent de son périodique officiel, résume ainsi la position amérindienne face à la célébration que prépare l'Espagne pour marquer le cinquième centenaire de la venue de Christophe Colomb en Amérique:

Les médias espagnols nous informent des somptueux préparatifs du gouvernement de ce pays, à l'approche de l'année 1992.

Nous ne voulons pas gâcher leur fête? Ce que nous réclamons, c'est le respect de nos morts, du moins par des actes qui s'accordent avec la vérité historique. Nous réclamons que leur "aide" au développement ne vienne pas augmenter la misère qui est notre lot depuis 500 ans.

Nous formons une société qui possède une histoire et qui reconnaît l'évolution inévitable des choses et des peuples. La Conquête est une réalité qui a déjà fait verser suffisamment de larmes et de sang. La présence européenne sur le continent dit américain est un fait historique irréversible; il ne sert à rien de nier ce qui existe.

Cependant, une célébration qui revêt les ruines de parures de gala, qui campe dans les cimetières des décors de fête et qui prétend bander les yeux et bâillonner la vérité à coups de dollars est une offense sur laquelle aucun avenir ne pourra être construit. Nous ne pouvons pas retourner vivre à Tenochtitlàn ou à Saksayhuaman, mais il nous est toutefois possible d'élever un monument à la justice et de construire notre avenir sur la reconnaissance de la vérité. Une telle façon de célébrer serait plus durable.

Dans les jungles amazoniennes du Brésil, où certaines tribus amérindiennes ne portent encore aucun vêtement et préfèrent toujours chasser à l'arc, il est aussi question de renaissance de la conscience autochtone. Un anthropologue brésilien, récipiendaire en 1978 du prix international pour la promotion de la compréhension humaine, révélait l'année suivante que "le phénomène le plus important apparu au cours des cinq dernières années est la capacité de certrains groupes tribaux de défendre leurs intérêts face à l'État et de s'organiser en unités plus importantes qui dépassent les limites tribales, en vue de créer une identité engendrée par une sorte de panindianisme, fondé lui-même sur le leadership indigène, soit qu'il existe déjà, soit qu'on lui donne naissance."

Ce mouvement est demeuré vigoureux. Tout récemment, en février 1989, les Kayapoos, de l'Amazonie brésilienne, dans leur effort pour bloquer la construction d'un immense barrage, ont mis sur pied ("deleur propre initiative") une rencontre historique qui réunit 500 représentants de 38 nations autochtones, en plus d'une centaine d'équipes de reportage venant de 40 pays. Ils démontrent ainsi une conscience écologique et politique de haut niveau, ainsi qu'une singulière autonomie face aux médias. "Pendant longtemps, disent les amérindiens dans une lettre lue au cours de cette réunion, l'homme blanc a agressé notre pensée et l'esprit de nos anciens. il doit maintenant cesser. Nos territoires sont le lieu sacré de notre peuple, demeure inviolable de notre Créateur.»

Cette réunion sans précédent de ces nations autochtones fut, selon la revue brésilienne Afinal, "beaucoup plus qu'une protestation contre l'érection du barrage de Belo Monte sur [le grand détour de] la rivière Xingu. Elle est venue appuyer le refus catégorique et inquiet face au complexe hydro-électrique qui prévoit la construction de sept usines dans la région d'ici l'an 2010, entraînant des effets négatifs et directs pour sept peuples indigènes déjà dégoûtés par les tragédies de Tucurui, Balbina et Itaipu."
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Nénakohe
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MessageSujet: Re: La vigueur de la conscience amérindienne(1)   La vigueur de la conscience amérindienne(1) Icon_minitimeLun 23 Avr - 22:02

bien bravo Sioux je vais lire les 4 autres et donner mes impressions à la fin
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