Les Païutes
Le mot Païute, parfois Piute, fait référence à deux groupes proches d'Amérindiens : les Païutes du nord qui vivaient en Californie, dans le Nevada et l'Oregon, et les Païutes méridionaux en Arizona, dans le sud-est de la Californie et du Nevada ainsi qu'en Utah. Tous parlaient des langues appartenant à la branche Numique[1] des langues uto-aztèques.
L'origine du mot Païute n'est pas claire. Certains anthropologues l'ont interprété comme signifiant « vrai Ute ». Les Païutes se nomment eux-mêmes « le peuple », « Numa » au nord et « Nuwuvi » au sud. Les Espagnols nommèrent les Païutes du sud « Payuchi », puis les Euro-Américains nommèrent les deux groupes « Diggers » (ceux qui creusent, en référence à leur recherche de racines). Cette expression est considérée aujourd'hui comme dégradante. Les Païutes du nord sont quelquefois appelés « Paviotso ».
Les Païutes du nord vivaient dans la région aride du Grand Bassin, à l'est de la Californie, à l'ouest du Nevada et au sud-est de l'Oregon. Leur mode de vie était adapté au milieu désertique : chaque clan ou tribu occupait un territoire spécifique, généralement situé autour d'un lac ou d'un marais qui leur fournissaient de l'eau et du poisson. Ils chassaient également le pronghorn et le lapin, ramassaient des pignons, des racines et des graines dans les montagnes environnantes.
Le nom de chaque clan était représentatif de leur nourriture : par exemple, les habitants des rives du Pyramid Lake étaient appelés « Cui Ui Ticutta », ce qui signifie les « mangeurs de Cui-ui », un poisson du lac. Les Indiens de la région de Lovelock portaient le nom de « Koop Ticutta », ce qui veut dire « mangeurs d'écureuils ». Les relations entre les Païutes du nord et leurs voisins Shoshones étaient généralement pacifiques. En revanche, les heurts étaient fréquents avec les Washoes, qui avaient une culture et une langue très différente.
Les premiers contacts entre les Païutes du nord et les Blancs se développèrent à partir des années 1840 ; les tribus commencèrent alors à utiliser le cheval. Avec la colonisation, les violences entre Indiens et Blancs se multiplièrent : la guerre de Pyramid Lake (Pyramid Lake War) en 1860 et la guerre de Bannock (Bannock War) en 1878 en sont deux épisodes connus. Mais les Païutes furent surtout décimés par les maladies introduites par les Blancs, en premier lieu par la variole. L'ouvrage de Sarah Winnemucca, Life Among the Piutes, témoigne de la vie des Païutes au XIXe siècle. Les Amérindiens furent concentrés dans des réserves comme celle de Malheur dans l'Oregon (Malheur Reservation). Ils cherchèrent à travailler dans les fermes, les ranches et les villes et établirent de petites colonies. Par l'Indian Reorganization Act de 1934, ces colonies furent reconnues comme tribus indépendantes.
Selon Alfred L. Kroeber (1925), la population des Païutes du Nord en Californie était de 500 en 1770, à 300 en 1910. Pour Catherine S. Fowler et Sven Liljeblad (1978), le nombre total de Païutes du Nord est estimée à 6 000 en 1869.
Sarah WinnemuccaSarah Winnemucca (née Thocmentony, vers 1841 – 17 octobre 1891) était une écrivaine amérindienne, de la tribu des Paiutes de langue anglaise. Elle publia sous son nom d'épouse, Sarah Winnemucca Hopkins, sa Vie parmi les Paiutes (Life Among the Paiutes: Their Wrongs and Claims), dans laquelle elle décrit les premiers contacts de son peuple avec les explorateurs et les colons blancs.
Née vers 1844 à Humboldt Sink dans la partie occidentale de l'actuel État du Nevada, Sarah Winnemucca était la fille de Chef Winnemucca (Poito). Son grand-père, appelé « Truckee » (ce qui signifie « bon » en langue Paiute), avait aidé l'expédition de John C. Frémont à travers le Grand Bassin en 1843-1845. Plus tard, il combattit dans la guerre entre les États-Unis et le Mexique. Il plaça sa petite-fille dans la famille d'William Ormsby à Carson City (Nevada) pour recevoir une éducation occidentale. Elle apprit notamment à lire et écrire en anglais.
William Ormsby fut tué pendant la première bataille de la Pyramid Lake War et la famille de Sarah dut intégrer la réserve du Malheur (Malheur Reservation). Elle enseigna dans une école locale et servit d'interprète à Samuel Parrish. Son successeur, l'agent William Rinehart, maltraita les Paiutes qui quittèrent la réserve. Le peuple Bannock déclencha une guerre contre les Blancs. Pendant ce conflit, Sarah travailla comme interprète pour l'armée américaine. Après la guerre, elle se rendit à la Yakama Indian Reservation (territoire de Washington). En 1879-1880, elle se rendit avec son père à Washington DC pour plaider la cause de son peuple auprès du Secrétaire à l'Intérieur Carl Schurz.
Sarah épousa Lewis H. Hopkins, à San Francisco. Elle traversa le pays vers l'est en 1883 et donna de nombreuses conférences. Son livre Life Among the Piutes, fut publié en 1883 ; il fut écrit avec l'aide de son mari qui rechercha de la documentation à la bibliothèque du Congrès.
Après son retour au Nevada, Sarah Winnemucca Hopkins construisit une école pour promouvoir la culture et la langue des Amérindiens. Elle dut fermer après le Dawes Severalty Act de 1887, qui imposait l'anglais comme langue d'enseignement. Elle se retira de la vie publique après la mort de son mari en 1887 et mourut de la tuberculose à Henry's Lake (Nevada).
http://www.yosemite.ca.us/library/life_among_the_piutes/