Les Tchipewyans
Les Tchipewyans en français ou Chipewyans sont un peuple indigène du Canada. Ils vivent dans les régions arctiques autour de la Baie d'Hudson, incluant le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest, et Nunavut. Le groupe habite également des parties du nord de l'Alberta et de la Saskatchewan. Ils font partie des nations Déné.
La langue chipewyan fait partie du groupe linguistique athapascan.
Malgré la ressemblance superficielle de leurs noms, les Chipewyans ne sont pas apparentés aux Chippewas ou Ojibway.
Le 17 juillet 1771, le chef Chipewyan Matonabbee, guide Déné de l'explorateur arctique Samuel Hearne, perpétra le massacre de Bloody Falls à l'encontre d'un groupe local d'Inuits.
« Chipewyan » est un terme dérivé du cri qui signifie « peaux en pointe » mais, entre eux, les Chipewyans se nomment DÉNÉS (« peuple »), et leurs communautés régionales portent des noms plus spécifiques. Leur langue fait partie de la famille linguistique athapascane du Nord-Est, famille étroitement liée aux familles avoisinantes des PLATS-CÔTÉS-DE-CHIEN et des ESCLAVES. Le nom « Chipewyan » a finalement servi à désigner un grand nombre de peuples dénés occupant la lisière septentrionale de la forêt boréale et la toundra adjacente, depuis la rivière Seal jusqu'au Grand lac des Esclaves. Certains Chipewyans sont aussi appelés « Mangeurs de caribou » et « Mountainees » (à ne pas confondre avec les Montagnais de l'Est du Canada).
Le nom « Chipewyan » s'applique parfois aussi aux COUTEAUX-JAUNES, un peuple déné voisin qui parlait une langue quasi identique et dont le territoire comprenait une partie de la rivière Coppermine. Au XIXe siècle, le territoire chipewyan englobe le Nord du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta ainsi que le Sud des Territoires du Nord-Ouest. En 1749, la population du groupe s'élève à quelque 4 000 âmes. Toutefois, elle est peu après décimée par des épidémies causées par les Européens : une première grande épidémie de variole en 1781-1782 suivies d'autres épidémies jusqu'à la fin de la première moitié du XXe siècle. La population s'est reformée, et, en 1996, les bandes chipewyanes comptaient plus de 15 200 personnes.
Organisation socio-territoriale
À l'origine, l'organisation socio-territoriale des Chipewyans repose sur la chasse des troupeaux migrateurs de caribous de la toundra. Les groupes de chasse se composent de deux ou plusieurs familles apparentées se joignant à d'autres groupes similaires et formant de grandes bandes locales et régionales qui se réunissent ou se dispersent avec les troupeaux. L'autorité limitée et non coercitive des chefs repose sur leur talent, leur sagesse et leur générosité. Leurs visions oniriques leur accordent également des pouvoirs spirituels.
Selon la tradition chipewyan, Thanadelthur, appelée aussi la « Femme esclave », guide le premier employé de la COMPAGNIE DE LA BAIE D'HUDSON (CBH) en territoire chipewyan et met ses compatriotes en contact avec les Européens. Le succès de cette rencontre amène la CBH à construire le fort Prince of Wales, ou Churchill, en 1717 pour y faire la traite des fourrures avec les Chipewyans. Ce commerce empire les relations entre ces derniers et leurs voisins CRIS, au sud, qu'ils appellent ena (« ennemis »). Entre 1716 et 1760, la bonne entente commence à s'installer entre Chipewyans et Cris mais, en certains endroits, l'hostilité dure beaucoup plus longtemps. À la fin du XVIIIe siècle, la traite des fourrures nuit également à leurs relations avec leurs voisins INUITS au nord, qu'ils appellent hotel ena (« les ennemis de la plaine »).
À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, la traite des fourrures s'étend vers l'ouest depuis la baie d'Hudson jusqu'au Grand lac des Esclaves. Les Couteaux-jaunes profitent de leur position stratégique et, au début du XIXe siècle, ils occupent brièvement la région de la rivière Yellowknife, d'où ils chassent les Plats-Côtés de-Chien jusqu'à ce que ceux-ci ripostent en 1823. Des Chipewyans se mettent à chasser et à piéger jusqu'au coeur de la forêt boréale, où les animaux à fourrure sont plus nombreux, et étendent ainsi leur territoire vers le sud. Certains commencent même à occuper la lisière septentrionale de la forêt, où ils chassent le bison. D'autres se tiennent à l'écart du commerce, bien que certains consentent à faire le commerce de provisions de nourriture. À la fin du XIXe siècle, la plupart des bandes chipewyanes vivent déjà dans les régions qu'ils occupent aujourd'hui.
Vie au XXe siècle
En 1876, tous les Chipewyans (et les Couteaux-jaunes) établissent des relations officielles avec le gouvernement canadien en entamant le processus de traités. Ils subissent pendant un siècle les politiques fédérales visant à transformer leur culture afin qu'elle adhère à des principes européens. Au XXe siècle, leur mode de vie est particulièrement menacé par une exploitation de leurs terres basée sur la concurrence, exploitation qui est appuyée par des politiques fédérales et provinciales encourageant le développement de l'industrie primaire dans le Nord. Conséquemment, il leur devient de plus en difficile de vivre de leurs activités traditionnelles. Après la Deuxième Guerre mondiale, à cette situation s'ajoutent les politiques du gouvernement visant à encourager les peuples autochtones à quitter les régions sauvages pour se réinstaller en permanence dans des communautés administrées, où la plupart vivent aujourd'hui. En général, les Chipewyans considèrent que ces changements leur ont fait du tort plutôt que de les aider. Aujourd'hui, ils explorent de nouvelles voies en vue de reprendre le contrôle de leurs communautés et de leurs terres traditionnelles. Plusieurs bandes chipewyanes ont entrepris de négocier des revendications territoriales avec le gouvernement fédéral et cherchent à protéger leur culture et leur langue ainsi qu'à rétablir leurs relations traditionnelles avec la terre.